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Une rentrée sous le signe de l’amitié et de la paix

Retrouvez l’édito de Mgr James pour le mois de septembre 2025.

Bonne rentrée à tous ! Rentrée scolaire et universitaire ! Reprise des activités professionnelles ! Rentrée paroissiale ! Bonne nouvelle année scolaire à chacune de vos familles ! La rentrée se déroule dans un climat tendu ! Les graves conflits internationaux demeurent. En France, beaucoup d’incertitudes pèsent sur l’avenir ; ici, en Gironde, la communauté viticole et toutes ses filières sont en grande souffrance.  Dans ce contexte, pour vivre la rentrée pastorale, deux mots lumineux du « fils de Saint Augustin », le pape Léon XIV : amitié et paix !

Amis dans le Seigneur

Amitiés ! Le mot est revenu souvent dans les propos de Léon XIV, en particulier avec les jeunes cet été. Or, les évènements nous donnent souvent à voir le contraire ! Entre pays, de vieilles amitiés se fragilisent ; des alliances se défont. Le langage de l’amitié paraît si loin des intentions et des discours de dirigeants : on pense davantage loi du plus fort, commerce, intérêts. Dans nos vies personnelles, des réseaux sociaux nous parlent d’amis. En sont-ils vraiment ? Ont-ils fait l’objet d’un choix réciproque, d’échanges ? Nous mesurons souvent que réseaux sociaux, algorithmes, nous instrumentalisent. On peut communiquer abondamment, mais la soif de liens authentiques n’est pourtant pas satisfaite ! Nous aspirons à des amitiés véritables ! Il y a près de 15 siècles, saint Augustin l’écrit déjà : « Qu’est-ce qui nous console dans cette société humaine, surchargée d’erreurs et de tourments, sinon la foi sincère et la mutuelle affection de vrais et bons amis »[1]. Au cours de sa vie, Augustin en fait l’expérience : des relations, des échanges ouvrent à la vie, d’autres sont mortifères. Il s’agit de discerner les amitiés vraies. Augustin lit les philosophes pour l’éclairer. Il fréquente l’Écriture. On y lit : « Un ami fidèle, c’est un refuge assuré, celui qui le trouve a trouvé un trésor. Un ami fidèle n’a pas de prix, sa valeur est inestimable. Un ami fidèle est un élixir de vie que découvriront ceux qui craignent le Seigneur » (Si 6, 14-16). Et bien-sûr, la parole du Christ qui nous appelle ses amis : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15, 13). Après un long parcours, saint Augustin est baptisé et entre dans la communauté chrétienne. Il reconnait alors l’amitié véritable comme un don de Dieu. Il écrit : « Il n’y a pas de véritable amitié, si Toi Seigneur tu ne la cimentes entre des êtres qui sont unis entre eux grâce à la charité répandue “dans nos cœurs par l’Esprit saint qui nous a été donné” (Rm 5,5) »[2]. C’est l’expérience de baptisés adultes : lors de leurs préparations, des amitiés sont nées dans les groupes. Des sujets sont abordés entre eux qu’on n’évoque nulle part ailleurs. Des confidences sont partagées. Or, ces rencontres ont parfois commencé de manière très banale : un mot de bienvenue à l’entrée de l’église, en remettant la feuille paroissiale ; un salut à la sortie de la messe à ceux qui viennent pour la première fois : ça s’est bien passé ? Avez-vous besoin de quelque chose ? Très banal et pourtant paroisse amicale ! J’encourage cette amitié dans nos paroisses, amitié qui grandit dans les fraternités chrétiennes de quartier ; celles-ci favorisent les liens entre nous : nous nous donnons des nouvelles, nous partageons autour de l’Évangile du dimanche suivant, nous nous entraidons ; et grâce à ces fraternités, l’assemblée dominicale n’est plus impersonnelle : je retrouve des amis, et l’Ami par excellence. Nous devenons « amis dans le Seigneur » (saint Ignace de Loyola). Pour mieux Le connaitre lui le Christ, j’encourage aussi des fraternités d’études : le parcours « Croire et Comprendre », parcours catéchétique pour adultes, après le temps d’enseignement, propose des échanges. C’est indispensable à la catéchèse, à la théologie. Dans la foi chrétienne, « étudier, c’est entrer dans une conversation, avec ses frères et sœurs et avec les autres êtres humains, dans notre recherche de la vérité qui nous libérera tous »[3]. Je relève, à la fin du parcours de formation, l’amitié née de ces groupes et un réveil de l’espérance : il est possible d’échanger entre nous, de confronter nos idées, de se nourrir de la foi et des éclairages des autres, sans se discréditer, sans jugements a priori, sans diabolisation de l’autre.  « L’amitié peut vraiment changer le monde » (Léon XIV).

La Paix soit avec vous !

On se souvient du salut de Léon XIV au balcon de Saint-Pierre, le jour de son élection : « la paix soit avec vous ». Depuis son élection, le Pape ne cesse d’inviter à prier pour la paix, à être des artisans de paix. Pendant l’été, tant de drames se sont déroulés, des violences aussi, des propos haineux parfois, des injustices flagrantes, des populations affamées, tout cela au XXIème siècle ! La foi chrétienne a-t-elle quelque chose à apporter ? Nos communautés chrétiennes ont-elles à se laisser entraîner par l’air du temps, à y introduire tensions, rivalités et divisions ? Dans un discours aux évêques d’Italie, le Pape donne des orientations. Je les reprends pour notre diocèse. il invite à devenir des artisans de paix « dans les lieux de la vie quotidienne ». Léon XIV souhaite ainsi que « chaque diocèse puisse promouvoir des parcours d’éducation à la non-violence, des initiatives de médiation dans les conflits locaux, des projets d’accueil qui transforment la peur de l’autre en des opportunités de rencontre. Que chaque communauté devienne une “maison de la paix” où l’on apprend à désamorcer l’hostilité au travers du dialogue, où l’on pratique la justice et où l’on cultive le pardon. La paix n’est pas une utopie spirituelle, c’est une voie humble, faite des gestes quotidiens qui tisse la patience et le courage, l’écoute et l’action. Et qui demande aujourd’hui, plus que jamais, notre présence attentive et généreuse »[4]. Je souhaite vraiment à notre diocèse, à nos paroisses et aumôneries, écoles et mouvements, d’être des maisons de la paix. Cet été, j’ai retenu l’expérience d’un jeune français parti inquiet de l’avenir du monde : « à Rome, j’ai compris ce qu’est la paix : sortir de soi-même pour aller vers l’autre. » C’est notre belle mission tout au long de cette année dans le diocèse. En effet, c’est notre foi : « L’amitié peut changer le monde, elle est le chemin vers la paix » (Léon XIV)

                                                                                                           +Jean-Paul James

[1] Saint Augustin, la cité de Dieu, 19, 8
[2] Saint Augustin, Les confessions Livre IV, chapitre IV, 7
[3] Cardinal Timothy Radcliffe « Je vous appelle mes amis », Le Cerf, 2000, p. 188
[4] Pape Léon XIV, discours aux évêques de la conférence épiscopale italienne, 17 juin 2025

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