Se former : une grâce, croire pour comprendre, comprendre pour croire

Retrouvez l’édito de Mgr James pour le mois d’octobre 2025.

Quelle doit être la place de la formation catéchétique, c’est-à-dire de l’intelligence de la foi, dans la vie de tout chrétien, quel que soit son âge ? C’est une question que l’on est en droit de se poser en ce début d’année scolaire, alors que notre service diocésain de formation, l’Institut Pey Berland, rouvre ses portes et propose son nouveau programme d’année. Et bien des réponses peuvent être données à cette vaste interrogation. Contentons-nous d’en explorer quelques-unes.

En premier lieu, toute formation est une grâce. C’est un cadeau ! Pas seulement de la part d’une communauté ou d’un diocèse qui s’investissent dans ce domaine ; mais c’est d’abord un cadeau de Dieu, dont il faut vraiment profiter. C’est Jésus lui-même qui nous en montre l’importance : « Le disciple n’est pas au-dessus de son maître, mais tout disciple bien formé sera comme son maître. » (Luc 6, 40). La formation nous est donc offerte pour devenir un peu plus disciple du Christ, et configuré à lui. C’est pourquoi tout chrétien est appelé à se former tout au long de sa vie, pour grandir dans son Être baptismal et sa sainteté.

Et ce d’autant plus que nous assistons aujourd’hui à un phénomène particulier, qui n’avait pas échappé au défunt pape François. Voici ce qu’il disait il y a un an, lors de la conférence internationale sur l’avenir de la théologie, organisée par le Dicastère de la culture et de l’éducation : « Je voudrais [lancer] une invitation, à savoir que la théologie soit accessible à tous… Des hommes et des femmes, surtout d’âge moyen et peut-être déjà titulaires d’un diplôme, désirent approfondir leur foi, essayer quelque chose de nouveau ; souvent ils s’inscrivent à des cours universitaires. Il s’agit d’un phénomène croissant qui mérite l’intérêt de la société et de l’Église. L’âge mûr est une période particulière de la vie. C’est une période où l’on jouit généralement d’une certaine sécurité professionnelle et d’une stabilité affective, mais aussi une période où les échecs sont douloureusement ressentis et où de nouvelles questions se posent alors que les rêves de jeunesse s’estompent… Ils ressentent alors le besoin de reprendre leur quête, même timidement, et peut-être même avec un coup de pouce. La théologie peut être ce guide sur le chemin ! S’il vous plaît, si l’une de ces personnes frappe à la porte de la théologie, des écoles de théologie, qu’elle la trouve ouverte. Assurez-vous que ces femmes et ces hommes trouvent dans la théologie une maison ouverte, un endroit où ils peuvent reprendre leur voyage, un endroit où ils peuvent chercher, trouver et chercher encore… Adaptez avec imagination vos programmes d’études pour que la théologie soit accessible à tous. » [1].

Nous nous efforçons, à l’IPB, d’honorer cette invitation : offrir une formation de qualité, accessibles à tous.

Et il y a un enjeu considérable dans toute formation théologique : c’est de ne pas en rester aux savoirs ou à la connaissance. Une formation sollicite l’intelligence, la mémoire, l’imagination, beaucoup de nos sens… Mais le véritable enjeu d’une formation dans l’Église, c’est que ce qui est appris passe de notre cerveau à notre cœur ; que ce qui est reçu aide vraiment notre vie spirituelle et éclaire notre prière.

Voici ce qu’affirmait dernièrement Léon XIV sur ce sujet : « L’exemple toujours actuel de saint Augustin est significatif en ce sens : sa théologie n’a jamais été une recherche purement abstraite, mais toujours le fruit de l’expérience de Dieu et de la relation vitale avec Lui… Je vous invite donc à cultiver une théologie fondée sur la rencontre personnelle et transformante avec le Christ. » [2]. Et dans la même ligne, François disait : « Toute la théologie naît de l’amitié avec le Christ et de l’amour pour ses frères, ses sœurs et son monde. Permettez-moi de vous laisser un souhait : que la théologie nous aide à repenser notre façon de penser. Notre façon de penser, comme nous le savons, façonne également nos sentiments, notre volonté et nos décisions. Un cœur large s’accompagne d’une imagination et d’une pensée larges, tandis qu’une pensée ratatinée, fermée et médiocre est difficilement capable de générer de la créativité et du courage. » [3].

Toute formation doit vraiment servir notre vie spirituelle ! Elle doit permettre d’augmenter notre foi, notre espérance et notre charité, c’est-à-dire notre baptême. La prière à l’Esprit Saint est nécessaire pour que s’opère ce passage : que des études entrent dans notre vie spirituelle et favorisent notre sainteté ne vient pas de notre seule volonté, de nos seules forces. C’est d’abord un don, une grâce de l’Esprit.

D’autre part, dans toute formation théologique, il y a une dimension ecclésiale et fraternelle. Dans l’Église, on n’apprend pas tout seul. Il y a toujours un lien avec d’autres, quel que soit le type de formation ; et ce depuis le plus jeune âge. On apprend en équipe ! C’est l’intuition, dans notre diocèse, de Croire & Comprendre, où les participants se réunissent en petits groupes pour s’entraider ; ou encore, dans les Fraternités missionnaires de proximité qui nous font grandir mutuellement dans l’intelligence et le vécu de la foi. Cela se retrouve également dans l’accompagnement des catéchumènes ou des recommençants ; dans l’École de la Prière, ce « Kit » facile d’emploi à destination des communautés chrétiennes pour apprendre à prier ensemble ; et dans la formation des Chargés de Mission à l’IPB, ou du parcours théologique validant… En fait, dans toutes les formations offertes dans notre diocèse, même celles faites à distance, il y a, à un moment, cette interaction avec d’autres chrétiens, où chacun, d’une manière ou d’une autre, devient mystérieusement lui aussi un enseignant, un pédagogue pour les autres. C’est ce qu’affirme l’Ecriture Sainte : « Réconfortez-vous mutuellement et édifiez-vous l’un l’autre » (1 Th 5, 11) ; « Que la Parole du Christ habite parmi vous dans toute sa richesse : instruisez-vous et avertissez-vous les uns les autres avec pleine sagesse » (Col 3, 13) ; « Soyons attentifs les uns aux autres pour nous stimuler à vivre dans l’amour et à bien agir » (Heb 10, 24).

Cela veut dire qu’une formation théologique se reçoit de manière féconde dans un lien profond avec l’Église, et je dirai même un amour profond de l’Église. Elle ne portera tous ses fruits que si le formé développe en lui un grand sens de l’Église. En retour, toute bonne formation augmente l’amour et le sens de l’Eglise, ainsi que la fraternité entre nous.

Et c’est pourquoi une formation a un lien évident avec notre mission de chrétien, insérée dans la mission plus large de l’Église tout entière : annoncer le Christ et son Evangile, et proposer le Salut que Jésus réalise. Nous nous formons pour mieux connaître le Christ, afin de mieux l’annoncer. Car on ne peut parler que de ce que l’on connaît. La formation en est un des moyens, avec la prière, l’amour des autres, en particulier des plus petits, la vie en communauté… De Paul VI à Léon XIV, tous les papes n’ont cessé de nous répéter que nous sommes tous appelés à cette œuvre immense et magnifique de l’évangélisation auprès de ceux qui nous entourent. La formation théologique est alors un lieu fort d’évangélisation, pour nous-mêmes et pour ceux que nous côtoyons. Là encore, citons le pape Léon XIV : « La théologie est assurément une dimension constitutive de l’activité missionnaire et évangélisatrice de l’Église : elle plonge ses racines dans l’Évangile et son mais ultime dans la communion avec Dieu, finalité du message chrétien » [4].

Nous comprenons alors que la formation théologique, la catéchèse, est vraiment essentielle dans la vie de l’Église et de tout chrétien. En nous faisant découvrir toujours plus la beauté et la cohérence de notre foi, elle augmente notre joie de croire et notre espérance.

+ Jean-Marie Le Vert
Évêque auxiliaire de Bordeaux
Directeur de l’Institut Pey Berland


[1] François, Audience aux participants à la conférence internationale sur l’avenir de la théologie organisée par le Dicastère de la culture et de l’éducation, 12 octobre 2024.
[2] Léon XIV, Discours à l’Académie Pontificale de Théologie, 13 décembre 2025.
[3] François, Audience aux participants à la conférence internationale sur l’avenir de la théologie organisée par le Dicastère de la culture et de l’éducation, 12 octobre 2024.
[4] Léon XIV, Discours à l’Académie Pontificale de Théologie, 13 décembre 2025.

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