Retrouvez l’homélie prononcée par Mgr James à l’occasion de l’entrée en carême, le mercredi 5 mars 2025.
Pour ce carême, qu’avez-vous choisi comme appli ? Youpray, Exodus, , retraites en ligne, Rosario, Hosana, ou une autre ? En effet, commence aujourd’hui le carême avec nos engagements pour le vivre. Nous allons définir des gestes précis, des pratiques concrètes. Lesquels ? Les influenceurs en proposent, les applis aussi. De mon côté, je veux rappeler l’essentiel de ce carême de l’année jubilaire : nous sommes «pèlerins ensemble de l’Espérance» (Pape François).
Oui, pèlerins ; être pèlerins aujourd’hui, c’est un combat. À cause de l’actualité du monde, nous sommes cloués sur place, pétrifiés par ce que nous voyons et entendons. Des alliances entre pays sont remises en cause, on envisage un réarmement en Europe. À cause des guerres, la vie des habitants d’Ukraine, de Terre sainte, du Kivu est rendue plus précaire, dramatique même. Des discours semblent entériner la loi de la jungle, le pouvoir de l’argent, le règne du mensonge et du mépris. C’est dans ce contexte, dans cette réalité que j’entends l’appel du Seigneur : revenez à moi ! Ne restez pas tétanisés, soyez pèlerins ! Oui, revenez car il nous faut faire le chemin inverse de celui qui conduit à la mort et au péché. Le Seigneur nous y aide. Il parcourt ce chemin avec nous, il a lui-même jeûné pour nous, pleuré pour nous. Nous sommes pèlerins avec Jésus et vers Lui qui est « tendre et miséricordieux ». Dans les lettres des étudiants, des jeunes professionnels qui se préparent au baptême, je lis de vrais cris du cœur à l’égard du Christ : « Il est crédible lui ! », « Il est cohérent ! », « II m’attire ! » Une étudiante m’écrivait : « C’est vers Jésus que mon cœur s’est tourné… Je le cherchais et lui m’accompagnait sur mon chemin ». Un jeune informaticien tombe sur une appli catho déclamant l’Évangile de saint Jean et il entend : « celui qui me suit ne marche pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie ». Alors, m’écrit-il, « je me dis : c’est lui que je dois suivre ». Chers amis, pendant 40 jours, mettons en place un petit rituel de carême à la maison : retenons une phrase de l’Écriture sainte prise dans la messe du jour qui me fait du bien. Avant de quitter ma chambre, je l’apprends par cœur. Par exemple, une phrase de la 1ère lecture : « Il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour ». Remâchez cette phrase toute la journée, au risque de paraître idiot aux yeux de vos collègues. S’ils vous demandent : Qu’est-ce que tu marmonnes ? Ne répondez pas : je prie, mais citez la phrase. La Parole parlera à votre place, comme Jésus l’a promis.
Pèlerins ensemble. C’est l’appel de la 2ème lecture : « au nom du Christ, laissez-vous réconcilier ! » Saint Paul ne dit pas : laisse-toi, mais laissez-vous. La route vers Pâques, nous la prenons ensemble. Ce n’est pas le Vendée Globe ! Nous ne sommes pas des voyageurs solitaires. En vivant le sacrement de réconciliation dans un instant, ce n’est pas seulement le Seigneur et moi, c’est le Seigneur, moi et les autres. Car un des fruits du sacrement, c’est un amour plus grand, plus fort dans la famille ou l’aumônerie, des réconciliations entre nous. Marchant ensemble prêtres, consacrés, laïques, nous voulons développer l’amitié, les relations, une communauté chrétienne. Les catéchumènes se réjouissent de cette communauté qui les accueille. Combien de fois j’ai lu : « je me suis fait des amis ». Je pense à cet étudiant (appelons-le Raphaël) qui m’écrit toutes ses questions sur ce monde religieux qu’il ne connaissait pas (Il avait même une image peu attirante : « je pensais alors que tous les chrétiens avaient les cheveux gris ») ; il arrive à Bordeaux, crée des liens, je cite : « en parlant à un ami à la fac, je rencontre chez lui quelque chose de plus… Une gentillesse rayonnante et une flamme intérieure pour quelque chose qui m’était inconnu… Je lui ai posé la question qui pourrait paraître intime : es-tu croyant ? Sa réponse fut au-delà de mes espérances. » Raphaël demande le baptême. Alors cela me suggère un geste concret : faire l’aumône de mon temps avec quelqu’un que je ne connais pas encore, créer des amitiés, sortir de l’entre soi, au moins le temps du carême. Inventez pour cela des idées concrètes pour entrer en amitié.
Pèlerins ensemble, pèlerins de l’Espérance, d’une Espérance active, invités à entraîner dans l’espérance ceux qui sont écrasés d’inquiétudes pour leur avenir, isolés avec leurs soucis : nous sommes appelés à être « signes d’espérance » (Pape François) ! Invités à passer et faire passer des cendres que nous recevons aujourd’hui au feu pascal qui va illuminer nos visages et les visages de ceux que nous allons inviter dans un mois et demi. Car le Christ est ressuscité. Oui être des signes d’espérance, par des gestes simples : je jeûne d’heures passées sur mon portable ; ou bien je jeûne d’une soirée avec un ami, et je fais une maraude, ou du soutien scolaire, ou la visite d’un membre de la famille ou j’aide une équipe d’aumônerie de jeunes ou une troupe scoute ; ou encore à cause d’une relation qui s’est mal finie, j’écris une demande de pardon. Car le pardon redonne de l’espérance, met nos cœurs dans la paix. Banal ? quelconque, tous ces gestes de carême ? Sûrement pas ! Chers amis, ne cherchons pas des choses compliquées ; ne cherchons pas non plus à en rajouter ou à nous valoriser par des actes héroïques, car l’orgueil n’est pas loin. Dans nos choix, soyons précis, concret, humble : peu, bien mais jusqu’au bout ! jusqu’à Pâques ! Pour cela, accueillons avec foi, ce signe de l’imposition des cendres. Pèlerins de l’Espérance, en route des cendres vers le feu pascal qui illumine et réchauffe nos cœurs et notre monde.
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