En France, plus de 9 millions de personnes soutiennent régulièrement un proche en perte d’autonomie (DREES). Ce chiffre pourrait atteindre 8 à 11 millions d’aidants en 2025.
Parmi eux, 6 sur 10 sont en emploi, souvent confrontés à des difficultés pour concilier vie professionnelle et responsabilités d’aidant : près de 70 % déclarent manquer de solutions adaptées.
Face à cette réalité sociétale, et parce qu’environ un quart des collaborateurs de l’Association diocésaine pourraient être concernés, le diocèse de Bordeaux a souhaité structurer une véritable politique RH au service du bien-être des équipes, cohérente avec la mission de l’Église : prendre soin des plus fragiles et accompagner ceux qui les accompagnent.
Reconnaître les aidants du quotidien
Faire les courses pour un parent âgé, accompagner un proche à un rendez-vous médical, organiser un maintien à domicile… Nombreux sont ceux qui endossent ces responsabilités sans se reconnaître comme aidants. Ce constat vaut également pour les collaborateurs de l’Association diocésaine.
« Nous avons observé que certaines absences, demandes de congés ou situations d’épuisement étaient directement liées à la prise en charge d’un proche », explique Véronique Salvat, responsable des Ressources humaines de l’association diocésaine de Bordeaux. « Nommer l’aidance, l’expliquer et l’accompagner fait partie de notre responsabilité d’employeur, mais aussi de notre manière de vivre la mission de l’Église auprès de nos équipes. »
Une démarche soutenue par le label Cap’Handéo
Initiée en 2023 par le Service des Ressources humaines, la démarche s’est appuyée sur le label Cap’Handéo, une référence nationale dédiée à la qualité de l’accompagnement des aidants.
Cette labellisation manifeste un engagement profond : professionnaliser les pratiques RH, structurer l’accompagnement, et inscrire l’Association diocésaine de Bordeaux dans une dynamique de responsabilité sociale ambitieuse et durable.
L’Association diocésaine de Bordeaux est aujourd’hui la seule association diocésaine de France labellisée Cap’Handéo, un label officiellement remis en juin 2025. Cette reconnaissance nationale reflète la cohérence entre son action, ses choix RH structurants et les valeurs de solidarité portées par l’Église. « Notre rôle n’est pas de remplacer les professionnels de santé, rappelle Véronique Salvat, mais de proposer un accompagnement ajusté, réaliste et profondément humain. »
Des actions concrètes pour soutenir les aidants
L’engagement Cap’Handéo offre aux collaborateurs un large ensemble de ressources grâce aux partenaires nationaux, notamment Klésia : numéro vert d’écoute, plateforme d’information sur les droits et les aides, séjours de répit, cafés des aidants et espaces de dialogue. Cet accompagnement s’appuie aussi sur la sensibilisation et la formation, deux leviers essentiels. Pour répondre aux priorités nationales 2025-2026 — l’aidance et la santé mentale au travail — le diocèse prévoit ainsi des actions ciblées.
Dès janvier 2026, une formation « Secouriste en Santé Mentale » sera proposée afin de doter les collaborateurs d’outils concrets pour repérer, comprendre et accompagner les situations de vulnérabilité psychique, notamment lorsqu’elles sont liées à l’aidance.
En complément, un dispositif de don de congés sera déployé au premier trimestre 2026 pour permettre de soutenir un collègue confronté à une période d’aidance particulièrement exigeante, dans un esprit de solidarité pleinement cohérent avec les valeurs ecclésiales. La formation des cadres et responsables d’équipe constitue également un axe majeur : il s’agit de les aider à identifier les situations d’aidance et à offrir un espace de dialogue sécurisé. « L’aidance ne concerne pas uniquement la famille : elle peut toucher un voisin, un ami, un membre de la communauté , rappelle-t-elle, soulignant ainsi une vision large et profondément chrétienne de la relation. »
Une dynamique qui s’inscrit dans la durée
La remise du label Cap’Handéo en juin 2025 marque une étape structurante dans la politique sociale du diocèse. Ce travail soutenu a conduit Véronique Salvat à intervenir au salon Préventica, consacré à la santé et à la qualité de vie au travail, en octobre 2025 à Bordeaux, lors d’une table ronde dédiée au thème : “Aidants en entreprise, transformer les contraintes en leviers d’innovation sociale”, pour partager l’expérience du diocèse et les enseignements de la démarche Cap’Handéo. « Ce label n’est pas une fin en soi, conclut-elle, mais le point de départ d’une démarche durable : réfléchir ensemble à la manière de prendre soin de ceux qui, jour après jour, prennent soin des autres. C’est une manière très concrète d’incarner notre mission d’Église au sein de l’organisation. »
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